Les bienfaits de l'ostéopathie pour votre santé digestive

1/ Quelques notions digestives…

Le tube digestif, d’une longueur d’environ 8 mètres, commence au niveau de la bouche, se poursuit par l’œsophage passant au milieu de la cage thoracique, l’estomac au niveau de la zone du plexus solaire, puis l’intestin. L’intestin se compose en fait de différentes parties : celle communément appelée petit intestin comprend le duodénum, les anses grêles et le jéjunum, tandis que le gros intestin ou colon comprend le caecum, les colons ascendant, transverse, descendant et sigmoïde. Le colon se termine par le rectum et l’anus.

La digestion requiert des interactions coordonnées d’éléments mécaniques, chimiques, neurologiques et hormonaux. Ce sont les muscles lisses de la paroi du tube digestif qui permettent de malaxer, de pétrir et de propulser le bol alimentaire. C’est ce qu’on appelle le péristaltisme. Pour que le bol alimentaire passe d’une portion à une autre, les sphincters (portes du tube digestif) doivent s’ouvrir de manière coordonnée. Il y a également des actions réflexes qui permettent de vider le colon. Les chefs d'orchestre de ces mouvements complexes sont les nerfs. Des substances sécrétées par les glandes salivaires (salive), l’estomac (gastrine), le duodénum (suc intestinal), le foie (bile) et le pancréas (suc pancréatique) permettent de dégrader les aliments afin que les nutriments puissent être absorbés dans l’intestin grêle. N’oublions pas les bactéries présentes dans notre colon (microbiote) qui nous protègent de l'agression de micro-organismes pathogènes et nous permettent de dégrader les aliments pour lesquels nous ne possédons pas l'équipement nécessaire (fibres alimentaires).

Alors que se passe-t-il lorsque notre intestin devient paresseux, nos sphincters se relâchent et quand nous troquons la séance de sport contre une après-midi affalé dans le canapé? Brûlures d’estomac, reflux, ballonnements, diarrhée, constipation sont autant de signes d’un mauvais fonctionnement digestif. Bien sûr, la première chose à se demander est : « ai-je une hygiène de vie optimale pour ma santé digestive ? ». En effet, la sédentarité, le manque de diversité alimentaire, des repas trop riches, des aliments moins digestes pour notre microbiote sont autant de facteurs qui peuvent perturber notre digestion. Et après avoir investigué ces aspects que reste-il ? Vous découvrirez ici que l’ostéopathie est un allié non négligeable pour votre santé digestive.

2/ L'ostéopathie au secours de votre colon

Plusieurs essais randomisés contrôlés (essai à répartition aléatoire des participants en 2 groupes, l'un bénéficiant du traitement à tester, l'autre étant le groupe contrôle habituellement sans thérapie ; ce type d'étude est la plus rigoureuse scientifiquement puisqu'elle permet de minimiser les biais expérimentaux) ont été menées sur le syndrome de l'intestin irritable^{2, 3, 4, 5}(SII).

Ces différentes études montrent que le traitement ostéopathique diminue la sévérité des symptômes : il soulage la douleur abdominale, la constipation, la diarrhée, et améliore la qualité de vie. Le traitement consiste généralement en des manipulations de la colonne vertébrale et du bassin, ainsi que des techniques vibratoires sur le colon. Ce type de traitement est sans effets secondaires indésirables. Müller et al (2014)⁶ précisent également que l’approche plus globaliste en ostéopathie permet de traiter les différentes dysfonctions sans se focaliser nécessairement sur une région spécifique, et permet ainsi un traitement individualisé selon les problématiques de la personne.

Le traitement ostéopathique peut être administré en parallèle de la prise de médicaments et peut permettre de diminuer l'utilisation de ceux-ci. Il n’a cependant pas d’effet sur les aspects psychologiques de la maladie comme la dépression, l’anxiété ou la fatigue.

Il apparait qu'un suivi est nécessaire pour un soulagement à plus long terme, qui sera à adapter en fonction de chaque personne.

Les effets de l'ostéopathie ont également été étudiés dans le cadre du traitement de la constipation^{7, 8, 9}.

Les résultats sont positifs puisque l'intervention en ostépathie permettrait d'accélérer la digestion, d'augmenter la fréquence des selles, de rendre celles-ci plus molles, et de diminuer les ballonnements et la douleur abdominale. Le traitement ostéopathique permet également une diminution de la prise de laxatifs ainsi qu'une amélioration de la qualité de vie.

De plus dans sa revue¹⁰, Sinclair répertorie des études sur le massage abdominal, longtemps utilisé, et efficace pour diminuer la constipation et l'inconfort associé chez des participants souffrants de diverses pathologies (lésion de la moelle épinière, handicap, post-infactus, post-opératoire). On peut dire qu'une partie des techniques en ostéopathie est similaire au massage abdominal par son action directe sur l'abdomen.

3/ L'ostéopathie pour les reflux gastro-oesophagiens

Une première étude rétrospective¹¹ de 2016 a mesuré l'impact de traitements en ostéopathie sur le nombre de symptômes de RGO (douleur à l'estomac, brulure dans la poitrine, douleur rétrosternale, acide dans la bouche, douleur au niveau du dos). Les 22 participants ont reçu entre 3 et 12 traitements. Alors que le nombre de participants souffrant de 3 à 5 symptômes était de 19, 3 mois après le dernier traitement ce chiffre descendait à 1. Cependant, l'évaluation de la présence de symptômes était faite par les participants eux-même, et aucun paramètre objectivable n'a été mesuré dans cette étude. Elle représente une analyse préliminaire des potentiels effets de l'ostéopathie dans la prise en charge des RGO.

Les mêmes auteurs ont réalisé l'année suivante un essai randomisé contrôlé¹² en double aveugle. Les participants bénéficiaient de 3 traitements espacés d'une semaine. Dans leur étude, l'ostéopathie a permis de réduire le nombre de symptômes, ainsi que leur sévérité. De plus, le traitement ostéopathique a permis de diminuer la prise d'anti-reflux.

Dans leur étude¹⁴ en double aveugle de 2019, Eguaras et al mesurent l’effet d’une manœuvre spécifique diaphragmatique (5 minutes de traitement sur 2 sessions espacées d'une semaine) sur les symptômes du RGO, la mobilité cervicale et le seuil de douleur à la pression de C4. Les patients bénéficiant du traitement ostéopathique voit une amélioration de 38,7% en moyenne de leurs symptômes. L’amélioration est cependant moins forte chez les personnes présentant des symptômes plus forts. Deux patients sur 31 ont souffert d'une hypersensibilité de la zone de l'estomac suite au premier traitement. L'étude n'a cependant pas vérifié que si les patients savaient qu'ils bénéficiaient de l'ostéopathie.

Une seconde étude de 2019¹⁵ a étudié l’efficacité de techniques de relâchement myofascial sur toute la zone diaphragmatique et épigastrique (25 minutes de traitement sur 4 sessions en deux semaines, avec un contrôle à 4 semaines). Les patients ayant bénéficié du traitement ostéopathique voit une amélioration de 73,9% de leurs symptômes, 14% de leur qualité de vie et une diminution de 62,5% de la prise d’inhibiteurs de pompe à proton. Cette amélioration est significative par rapport au groupe contrôle à 4 semaines. Aucun effet indésirable n’a été répertorié. Une limitation importante de cette étude est l'absence d'une mesure objective de l'amélioration du reflux puisque les questionnaires utilisés sont remplis par les patients eux-même.

Le traitement vise à libérer la zone de jonction entre l'oesophage et l'estomac par des techniques directes sur la région en question, grâce à une mobilisation de la zone dorsale associée afin de favoriser sa mobilité, et enfin par un travail sur le diaphragme. En effet, il semble que l'intervention par des techniques respiratoires pour étirer le diaphragme favorise une meilleure fermeture du sphincter de l'estomac¹³.

Ces résultats préliminaires sont prometteurs mais plus d'études sont nécessaires pour confirmer les bienfaits de l'ostéopathie dans la prise en charge des RGO.

Pour conclure...

Les études sont encore peu nombreuses sur le sujet du traitement des troubles digestifs par l'ostéopathie. Il est certain que des études supplémentaires, de plus grande ampleur, scientifiquement rigoureuses, sont encore nécessaires pour appuyer les résultats présentés dans cet article. Et certaines sont en cours (Bouchoucha et al). Cependant, à la lumière des résultats présentés ci-dessus, on peut légitimement penser que l'ostéopathie est un allié dans la prise en charge des troubles digestifs, notamment ceux du colon. Elle a l'avantage de ne pas présenter d'effets secondaires et de pouvoir se combiner à l'utilisation de médicaments. Elle a montré son efficacité à réduire la sévérité des symptômes et à apporter une amélioration de la qualité de vie.