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Les troubles musculo-squelettiques

Les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent plus de la moitié des maladies liées au travail. Ils peuvent être plus ou moins invalidants et nécessitent donc une attention particulière.

Par Caroline De Toni

1/ Que sont les troubles musculo-squelettiques ?

Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, les troubles musculo-squelettiques (TMS) correspondent à des atteintes de l’appareil locomoteur, c'est-à-dire des muscles, des tendons, du squelette, des cartilages, des ligaments et des nerfs. Leur sévérité varie de légère à irréversible avec états chroniques d’incapacité1. Les TMS les plus fréquents sont les douleurs lombaires, les douleurs cervicales, l'arthrose du genou et des hanches2, et les douleurs des membres supérieurs avec principalement les tendinites à l'épaule, la capsulite et les épicondylites latérales3.

Ils surviennent généralement lorsqu’on impose une charge physique trop importante (soulever un objet lourd), en cas de gestes répétitifs, lorsque la posture n'est pas neutre, après un accident, lorsqu’on est soumis à des vibrations (véhicules, outils…), ou bien en cas de facteurs psycho-sociaux défavorables (travail sous contrainte de temps, absence de maitrise des taches, soutien social faible, travail perçu comme monotone et non statisfaisant, stress, manque de pouvoir décisionnel)1, 4. Apparaissent alors des lésions responsables de la douleur. Celles-ci peuvent être aigues (claquage musculaire, fracture, « blocages ») ou chroniques (atteinte des ligaments, tendinites, contractures musculaires)1. Vous pouvez regarder ICI des vidéos mettant en scène un personnage dans différentes situations de travail susceptibles d'engendrer des TMS. Il est important de préciser que les activités ménagères peuvent également causer des TMS.

2/ Impact des TMS

En Europe, 100 millions de citoyens souffrent de TMS et 40 millions de ceux-ci attribuent leur TMS au travail 4. L’impact des TMS est triple.

Tout d’abord pour les travailleurs. Les TMS représentent 53% de toutes les maladies liées au travail. Les conséquences de ces douleurs sont multiples - diminution de la qualité de vie, fatigue, limitations dans le travail - et peuvent même conduire à une invalidité permanente empêchant le retour à l’emploi. Cette dernière est associée à une détérioration de la santé physique et mentale des travailleurs, qui peut persister pendant plusieurs mois. Les travailleurs souffrant de TMS sont également plus à risque de dépression de d’anxiété4.

Les TMS impactent également le marché du travail. En effet, 50% des absences de plus de 3 jours sont dues aux TMS, de même que 49% des absences de 2 semaines et plus et 60% des incapacités permanentes de travail4.

Les TMS ont aussi un impact important sur l’économie du pays. En effet, Bevan4 insiste sur le fait que la croissance économique et l’inclusion sociale dépendent de la capacité des individus en âge de travailler de rester dans le marché du travail, de développer leur compétences et de rester productifs. Ainsi la santé de la population est aussi un prérequis à la productivité et à la prospérité économique. Le coût total des TMS serait de l’ordre de 240 millards d’euros ou jusqu’à 2% du PIB4. March et al2 estiment que le budget pour les TMS se situe entre 5.4 et 12.6% des dépenses totales de santé.

3/ Comment éviter les TMS?

Pour éviter l'apparition ou l'aggravation des TMS, il faut pouvoir déterminer quels sont les facteurs de risque susceptibles de les déclencher (physique ou psycho-social). Ainsi, il est primordial d'intervenir en prévention pour éviter leur apparition4.

Durand et al5 ont établi qu'une prise en charge efficace des TMS inclue nécessairement :

  • Une analyse précise de la situation dans sa globalité ;
  • Des délais d'intervention courts ;
  • Une diversité des parties prenantes : action intersectorielle entre professionnels et praticiens de différents secteurs (santé, lieu de travail, assurances) ;
  • Un partage d'information : coordination des décisions et actions par un responsable, accord général des parties prenantes concernées ;
  • Des compromis : approche problème/solution.

D'un point de vue économique, Sultan-Taïeb et al6 ont montré qu'un soutien important de la part de l'employeur et des collègues dans le programme d'intervention permet un retour sur investissement avantageux pour l'entreprise. En effet, les économies cumulées grâce à une intervention (fournir une assurance, améliorer l'équipement et l'ergonomie) sont plus importantes que l'investissement financier initial. L'issue financière dépend à la fois de la spécificité des mesures prises (elles doivent correspondre aux besoins des travailleurs) et de la manière dont elles sont mises en oeuvre (participation des employés, soutien des managers).

Pour conclure, quelques conseils :
  • Ayez une bonne posture : alignement des articulations, corps proche de l’objet manipulé ou du plan de travail, dos droit ; pour les charges lourdes : soulever à deux mains, le corps proche de l’objet manipulé, en se servant de ses jambes et pas de son dos.
  • Utilisez l'aide disponible : collègues, monte-charge, véhicules...
  • Faites des pauses et changez de position régulièrement!
  • Aménagez votre environnement : chauffage, climatisation, éclairage, position de l’écran d’ordinateur, souris ergonomique, siège confortable, bureaux ajustables…
  • Parlez-en à votre employeur pour trouver une solution ensemble.
  • Consultez en ostéopathie et en kinésithérapie pour soulager les douleurs et favoriser le retour au travail.
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